Améliorer la santé des « personnes sans chez soi »

A la demande de Roselyne Bachelot, ministre de la santé et des sports, le psychiatre Vincent Girard, assisté du docteur Pascale Estecahandy et du docteur Pierre Chauvin, a été chargé d’élaborer des propositions pour améliorer les parcours de soins et de vie des personnes sans-abri. Au total, ce sont près de 600.000 personnes qui sont privées de domicile personnel.

Ainsi, dans son rapport annuel sur le « mal logement », la Fondation Abbé Pierre estime que, en plus des 100.000 personnes sans domicile fixe, 152.000 personnes vivent dans des structures d’hébergement et d’insertion, 150.000 autres sont hébergées chez des tiers dans des conditions de logement difficiles et faute d’autres solutions, auxquelles s’ajoutent également 100.000 personnes vivant à l’année en camping ou en mobile home, 41400 personnes vivant dans des habitats de fortune (cabane, construction provisoire…) et 50.000 personnes vivant en chambre d’hôtel.
Le docteur Girard a remis son rapport à Roselyne Bachelot-Narquin, en présence de Benoist Apparu, secrétaire d’Etat chargé du logement et de l’urbanisme, et du préfet Alain Régnier, délégué général pour la coordination de l’hébergement et l’accès au logement des personnes sans-abri ou mal logées. Le rapport identifie les blocages et les leviers d’action possibles. 5 axes sont privilégiés : le décloisonnement des politiques sanitaires, la coordination des accompagnements somatiques, psychiatriques et sociaux, le développement de nouvelles pratiques professionnelles, l’hébergement et la réinsertion et la promotion de la recherche et l’évaluation.

Le « Housing first » : le logement d’abord

Des propositions innovantes comme le « Housing first », littéralement le « logement d’abord », sont préconisées à partir d’exemples étrangers. Benoist Apparu et Roselyne Bachelot-Narquin ont ainsi décidé le financement de l’expérimentation de cette méthode qui part du postulat : disposer d’un logement est une condition première pour l’intégration des personnes dans le droit commun de la prise en charge.
En outre, Roselyne Bachelot-Narquin a demandé la désignation d’un référent « lutte contre l’exclusion » dans chaque agence régionale de santé afin de veiller à la prise en compte transversale des problématiques santé, pauvreté et accès aux soins . Elle a également décidé de nommer un référent « santé, fragilité sociale et précarité » au sein même du ministère de la santé.
Avec les programmes régionaux d’accès à la prévention et aux soins (PRAPS) confirmés et renforcés par la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » du 21 juillet 2009, l’installation depuis 2005 de 92 équipes mobiles « psychiatrie santé », la mise en place et le renforcement des permanences d’accès aux soins de santé dans le champs de la psychiatrie, le ministère chargé de la santé poursuit et renforce sont action en faveur des Français les plus fragiles.
Le 10 novembre dernier, lors de la présentation de la mise en œuvre d’un service public de l’hébergement et de l’accès au logement, Benoist Apparu avait souligné la nécessaire mobilisation de l’ensemble du gouvernement en faveur des personnes les plus fragiles. Une étape importante vient d’être franchie avec la ministre de la santé et des sports.

 Pourquoi le terme “sans chez soi”

Les auteurs du rapport expliquent leur choix : « le terme sans chez soi a fait débat lors de la première réunion du groupe de travail. Les personnes peu convaincues avançaient que ce n’était pas en changeant de terme que l’on changerait le problème ni la réalité, que ce terme ne renvoyait à aucune définition consensuelle au niveau international et qu’il était, en outre, difficile à prononcer. Nous avons néanmoins décidé de l’utiliser et de le conserver dans ce rapport pour plusieurs raisons. D’abord ce terme ne renvoyait pas à une définition administrative (sans domicile) mais partait de l’expérience des personnes.(…) La question du « chez soi » renvoie à la citoyenneté (notamment au respect des droits fondamentaux et constitutionnels) et à l’accomplissement d’une vie pleine et entière, et pas seulement à la protection contre les intempéries ou à des logiques de survie ».
Pour plus d’informations : Consulter le rapport « La santé des personnes sans chez soi »