Sevrage tabagique : quelles sont les méthodes les plus efficaces ?

Bien que la France n’ait plus à souffrir du surnom peu flatteur de « Cheminée de l’Europe », les Français continuent de fumer allègrement. Alors oui, les mesures prises par les gouvernements qui se sont succédé depuis le milieu des années 1990 ont permis d’inverser la tendance, mais le tabagisme reste un problème de santé publique de premier plan. Entre substituts nicotiniques, thérapie cognitive et comportementale, médicaments et cigarette électronique, les fumeurs n’ont jamais eu une si grande marge de manœuvre pour agir.

Les substituts nicotiniques, une valeur sûre

Le principe d’un substitut nicotinique est simple : apporter à l’organisme du fumeur sa dose habituelle de nicotine sans passer par le tabac et ses substances cancérogènes. Vous n’êtes pas sans savoir que la nicotine est la principale substance addictive de la cigarette. Le substitut nicotinique va satisfaire ce besoin par d’autres voies : spray buccal, gomme à mâcher, pastille, patchs… Attention : pour réussir votre sevrage, vous devez déterminer votre dose « minimale suffisante » de nicotine.

Prenons l’exemple des patchs. Ceux-ci délivrent la nicotine en continu, sur une durée de plusieurs heures suivant l’administration. Pour choisir le bon dosage, sachez qu’une cigarette contient 1 mg de nicotine. Si vous fumez un paquet par jour, soit 20 mg de nicotine, optez pour un patch de 21 mg / 24 h. Les gros fumeurs (plus d’un paquet de cigarettes par jour) auront quant à eux besoins de plusieurs patchs pour pallier le manque de nicotine. Généralement, les patchs s’utilisent en complément des pastilles et des gommes à mâcher. Ces dernières peuvent être utilisées chaque fois que l’envie de fumer se fait pressante. Les substituts nicotiniques oraux font passer la nicotine dans l’organisme par voie transmuqueuse, ce qui permet de rapidement combler l’envie de fumer. Un tabacologue pourra vous accompagner pour maximiser vos chances.

L’approche médicamenteuse pour les fumeurs très dépendants

Parmi les médicaments d’aide au sevrage tabagique figure la varénicline. Commençons par signaler qu’à une certaine époque, la varénicline (Champix) était soupçonnée d’augmenter le risque de dépression et de suicide. Le médicament sera ainsi déremboursé en 2011. En 2015, une étude portant sur des milliers de fumeurs est venue remettre en cause ces effets neuropsychiatriques indésirables. Depuis 2017, il est de nouveau remboursé à hauteur de 65 % par la Sécurité Sociale (en seconde intention, après échec des stratégies comprenant des substituts nicotiniques). Selon l’Inserm, près de 30 % des gros fumeurs font une dépression à l’arrêt du tabac. « C’est l’arrêt du tabac qui fragilise le moral, pas le médicament », déclare à ce propos le professeur Pier-Vincenzo Piazza, spécialiste de physiopathologie de l’addiction à l’Inserm.

Comment fonctionne la varénicline? Ce médicament agit sur le cerveau, au niveau des mêmes récepteurs qui captent la nicotine, ce qui contribue à réduire le manque ressenti par le fumeur. Vous l’aurez donc compris, la varénicline sera éventuellement prescrit en seconde intention aux gros fumeurs qui se trouvent en situation d’échec de sevrage . De plus comme tout médicament, il peut occasionner des effets secondaires (nausées, perturbation du sommeil, fatigue, somnolence diurne, etc.) pouvant conduire à son arrêt.  Par ailleurs, la varénicline est contre-indiquée chez les femmes enceintes et également non recommandée chez les femmes qui allaitent. Votre médecin traitant pourra vous conseiller.

Quid de la cigarette électronique ?

La cigarette électronique continue d’alimenter les débats sur son utilité dans le cadre de la lutte contre le sevrage tabagique. D’un côté, Santé publique France explique dans son Baromètre du Tabagisme que l’e-cigarette a permis à quelque 700 000 Français de décrocher entre 2011 et 2017. Ces résultats ont d’ailleurs poussé l’Académie nationale de médecine de prôner une politique du « moindre mal », arguant que la cigarette électronique affichait une composition chimique moins inquiétante que le tabac. De l’autre, aucune étude sérieuse n’a pu évaluer les effets de la cigarette électronique sur la santé à long terme. La prudence reste donc de mise. plus d’infos ici https://sciencepost.fr/cigarette-electronique-revue-des-etudes-les-plus-recentes/.

Sevrage tabagique : l’importance de l’accompagnement

L’accompagnement par un médecin, un psychologue ou un tabacologue est à la base de la prise en charge du sevrage tabagique. Il ne fait aujourd’hui aucun doute qu’un fumeur aura beaucoup plus de chances de décrocher définitivement s’il est accompagné par un professionnel de la santé qualifié. Cette prise en charge repose, avant tout, sur le soutien psychologique et le conseil en matière de substitut.