Les cancers à prédisposition génétique inquiètent

Cancer héréditaire, cancer d’origine génétique, prédisposition au cancer… toutes ces expressions mal maîtrisées des Français sont source de stress. D’après les résultats de l’enquête Viavoice/Fondation de l’Avenir–Masfip, 62% des personnes interrogées déclarent être inquiètes à l’idée de présenter des prédispositions génétiques favorisant un cancer au sein de leur famille.

79% des Français considèrent qu’on ne parle pas assez des cancers à prédispositions génétiques ; ces pathologies constituent clairement pour eux un sujet d’inquiétude.
« Le cancer fait toujours peur au grand public. Même si les gens meurent moins du cancer qu’il y a dix ans grâce aux progrès de la recherche, cette maladie reste mortelle et les traitements pour la combattre sont toxiques avec des effets secondaires multiples altérant la qualité de vie des malades. Les personnes présentant un risque héréditaire de cancer sont d’autant plus angoissées », explique le Professeur Yves-Jean Bignon, onco-généticien au Centre de lutte contre le cancer Jean Perrin, Clermont-Ferrand.
En réalité, près de 5 % des cancers diagnostiqués en France sont liés à une prédisposition génétique et une altération génétique selon l’Institut national du cancer ; le syndrome de Lynch – forme héréditaire de cancers colorectaux – est responsable d’environ 2 à 3 % de l’ensemble des cancers colorectaux.

Des Français très sensibles aux cancers d’origine génétique

Forts de ce sentiment d’inquiétude à l’égard des cancers, près des deux tiers des Français (60%) affirment pouvoir parler facilement de prédispositions génétiques et de cancer auprès de leur entourage familial.
Résultat : 87% des Français seraient même prêts à se faire dépister si des prédispositions génétiques de cancers existaient dans leur famille.
Les femmes semblent d’ailleurs plus enclines à le faire (54% contre 43% des hommes).
« Les femmes et les hommes venant en consultation souhaitent tous se faire dépister mais les hommes sont peu à venir. Cette absence de consultation masculine n’est pas liée à l’oncogénétique mais est plus globale. Les hommes prennent moins en considération leur santé que les femmes, soit par pudeur, soit par fierté mal placée et ils en parlent peu avec leurs amis ou leur entourage contrairement aux femmes », ponctue le Pr Yves-Jean Bignon.
45% des Français considèrent les cancers d’origine génétique comme un sujet tabou

Une bonne connaissance globale des cancers d’origine héréditaire

Les cancers favorisés par des prédispositions génétiques transmissibles à la descendance ne sont pas inconnus du grand public. En effet, plus de 2 Français sur 3 (69%) affirment en avoir déjà entendu parler. Quant aux onco-généticiens, spécialistes de ces cancers, un quart des personnes interrogées connait leur existence ; un score plutôt positif compte tenu de la confidentialité de ce métier.
Pour les cancers d’origine génétique, en eux-mêmes :

  • – 70% déclarent, à juste titre, que le cancer du sein est potentiellement héréditaire
  • – 51%, que le cancer du côlon-rectum peut l’être également.

Le Français ont tendance à surévaluer le facteur héréditaire de certains cancers féminins tels que le cancer de l’utérus, qui n’est en réalité concerné par l’hérédité qu’au niveau de l’endomètre. En effet, la moitié des Français pense que ce cancer est d’origine génétique alors qu’il n’est a priori favorisé par aucun facteur héréditaire.
Un tiers des personnes interrogées lors de cette étude déclare que les cancers d’origine génétique touchent plus souvent les femmes. Le facteur génétique fort et répandu du cancer du sein pourrait avoir une influence sur les perceptions des Français vis-à-vis des autres cancers féminins et des cancers d’origine génétique en général.

Un besoin d’information des Français sur ces pathologies

Les résultats de l’étude indiquent qu’en cas de doute sur le caractère héréditaire d’un cancer :

  • – 57% des Français iraient chercher de l’information auprès de leur médecin généraliste
  • – 41%, auprès d’un spécialiste tel que les onco-généticiens
  • – 21%, sur Internet
  • – 14%, auprès de leur famille.

« Les Français ont raison de penser que les cancers d’origine génétique sont peu abordés. Les médecins, notamment les spécialistes comme les gastroentérologues, doivent s’informer sur les risques héréditaires de cancer pour ensuite diriger leurs patients vers un onco-généticien si nécessaire. Par ailleurs, l’information du grand public sur ces cancers d’origine génétique par les médias est absolument primordiale. La forte médiatisation de la double mastectomie et de l’ablation préventive des ovaires de l’actrice américaine, Angelina Jolie, a eu des effets positifs sur la prise en charge oncogénétique de ces cancers », affirme le Pr Yves-Jean Bignon.
Source : enquête Viavoice/Fondation de l’Avenir-Masfip, étude réalisée en ligne par Viavoice pour la Fondation de l’Avenir et la MASFIP auprès d’un échantillon de 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus du 30 septembre au 15 octobre 2015.