Arrêter de fumer: oui, mais comment faire?

Le Pr. Gilbert Lagrue a créé en juin 1999 une fondation pour la recherche (1) sur la dépendance tabagique qui porte son nom. Il est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du sevrage tabagique. Pionnier de la lutte anti-tabac –il a commencé en 1977-, il explique que les “méthodes” qui promettent de sevrer tout le monde sont mensongères, parce que chaque individu fume pour des raisons et dans des proportions différentes. Explications.
 Certaines personnes fument pour “déstresser”, d’autres “en grillent une” pour éviter de craquer sur un éclair au café, d’autres encore pour réussir à se concentrer sur un dossier, ou pour se détendre… Et chaque fumeur a sa façon de consommer le tabac. Certains laissent leurs cigarettes se consumer toutes seules dans le cendrier ; d’autres inhalent frénétiquement la fumée… C’est la raison pour laquelle le nombre de cigarettes fumées par jour et le dosage en nicotine de ces cigarettes (brunes ou blondes) ne sont pas des indicateurs suffisants. Et c’est aussi ce qui explique qu’une méthode ne peut pas s’adapter à tout le monde.
 Le Pr Lagrue enseigne que l’envie de fumer est composée de trois facteurs :
1- Le besoin physique, le besoin psychologique et les réflexes conditionnés liés à l’environnement. Le premier se traduit par une sensation de manque, de nervosité, une irritabilité.
2- Le deuxième, c’est le plaisir que l’on éprouve en fumant, l’impression d’être stimulé intellectuellement ou d’être détendu.
3- Le troisième enfin c’est la pression exercée par les amis qui fument devant vous, les collègues de travail qui vous proposent une cigarette, le passant qui allume la sienne dans la rue… Pour combler le besoin physique, on peut avoir recours aux timbres nicotiniques ou aux gommes, en vente libre (non remboursés) ou sur prescription.
Selon le Pr Lagrue, les timbres ne résolvent qu’un des trois aspects. Ils sont disponibles dans différents dosages. Il faut donc savoir précisément quel est celui qui correspond, en sachant que le nombre de cigarettes fumées chaque jour n’est pas un indicateur suffisamment fin.
Reste encore le besoin psychologique: dans certains cas, il est très faible. Pour d’autres, il nécessite une aide psychologique (thérapies comportementales et cognitives, par exemple…
Conclusion du Pr Lagrue: on peut essayer d’arrêter seul mais les timbres ne sont pas une réponse miracle, une prise en charge globale est souvent nécessaire.

Selon les experts, l’association timbres nicotiniques thérapies comportementales et cognitives (TCC) est la plus efficace. Il s’agit en fait de combler les besoins physiques par les patchs et les besoins psychologiques par les TCC. Celles-ci, pratiquées par des psychiatres ou des psychologues spécialisés, permettent aux futurs ex-fumeurs de comprendre à quoi leur sert la cigarette (à évacuer le stress, à se concentrer, à mincir … ), afin de mettre au point des “stratégies de défense”.
 En savoir plus:
http://www.tabac-info-service.fr/

http://www.inpes.fr
http://www.tabac-net.aphp.fr

http://www.tabac.gouv.fr/
 Gilbert Lagrue a publié en 2004 Comment arrêter de fumer ?, Éditions Odile Jacob (en collaboration avec les Drs Henri-Jean Aubin et Patrick Dupont).
(1) Coordonnées : Hôpital Albert-Chenevier 40, rue de Mesly 94000 Créteil.