Insuffisance cardiaque : un suivi à distance (SCAD) pour éviter les réhospitalisations

L’insuffisance cardiaque est une maladie chronique grave avec des réhospitalisations fréquentes. Certaines peuvent être évitées à condition « d’éduquer » les patients avant et après leur hospitalisation. Un système innovant, importé du Canada, a été mis en place en Basse-Normandie et au CHU de Caen : le SCAD.
Objectif : éviter une réhospitalisation
En France, entre 500 000 et 1 000 000 de personnes souffrent d’insuffisance cardiaque et 120 000 nouveaux cas sont diagnostiqués tous les ans. L’insuffisance cardiaque chronique est une maladie grave touchant essentiellement des patients âgés, à l’origine de 32 000 décès par an. Les épisodes d’insuffisance cardiaque aiguë nécessitent le plus souvent une hospitalisation en urgence, et s’accompagnent d’une mortalité importante, d’un taux de réhospitalisation élevé et d’une altération sensible de la qualité de vie du patient.
Un patient hospitalisé pour insuffisance cardiaque aiguë sera de nouveau hospitalisé dans l’année dans 43% des cas. Plus de la moitié de ces réhospitalisations pourraient être évitées par une meilleure éducation des patients à la gestion de leur maladie. C’est tout l’objectif du SCAD.
Qu’est-ce que le SCAD ?
Avec l’accord des patients, un dispositif de télémédecine de Suivi Clinique A Domicile (SCAD) est installé chez eux pour une durée de 3 mois. Ce dispositif permet un échange entre infirmière et patient à distance au moyen d’un terminal dédié à écran tactile permettant la saisie et la lecture d’informations médicales : paramètres de suivi relatifs à l’état de santé (poids, oedème, dyspnée [essoufflement], toux, tension artérielle…), conseils et informations adaptés en matière de règles hygiéno-diététiques et de respect du traitement.
En fonction des indications données par les patients, des messages leur sont adressés, générés automatiquement par un algorithme de suivi. Ce dernier a été élaboré par une équipe médicale du CHU de Caen (Dr Annette Belin, Dr Rémi Sabatier) et paramédicale bas-normande en collaboration avec l’équipe canadienne de NewIT Santé qui a développé le dispositif. Le terminal autorise en outre une communication directe par téléphone ou e-mail entre l’infirmière, le patient et le médecin traitant. “Ce système permet une éducation thérapeutique prolongée de l’insuffisant cardiaque souvent âgé. C’est un service de surveillance offert aux médecins traitants dont l’objectif est que le patient l’appelle suffisamment tôt pour éviter une réhospitalisation” insiste le Dr Annette Belin.
Succès du SCAD
Le SCAD a été développé dans plusieurs hôpitaux : CHU de Caen, Cherbourg, Flers, St Lô, Alençon, Hôpital Côte Fleurie, et Centre William Harvey. La pertinence de ce type de prise en charge est évaluée par une étude randomisée, SEDIC (suivi éducatif à domicile de l’insuffisant cardiaque) dont le CHU est promoteur.
Au 30 avril 2010, 495 patients insuffisants cardiaques ont ainsi été éduqués en Basse-Normandie, 112 équipés du SCAD dont 52 au CHU de Caen. Le SCAD sera dans l’avenir élargi à d’autres populations de patients.
Source : CHU Caen