Médicaments, rayons X… Les infirmières plus exposées au risque de fausse couche

L’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) rapporte les  résultats d’une étude américaine  publiée dans la revue médicale American Journal of Obstetrics & Gynecology. Selon cette dernière, l’exposition professionnelle aux médicaments anticancéreux multiplierait par 2 les risques de fausse couche chez les infirmières. D’autres agents couramment utilisés par le personnel soignant (produits de stérilisation, les rayons X) augmenteraient également les risques d’avortement spontané.
Au travail, les soignants peuvent être exposés à de nombreux agents susceptibles de présenter un risque pour la reproduction (médicaments, rayonnements ionisants, désinfectants…). Une équipe de chercheurs américains a étudié les liens possibles entre l’exposition à ces nuisances professionnelles et le risque d’avortement spontané chez les infirmières.
Pour cela les scientifiques ont analysé les données recueillies auprès de 116 430 infirmières américaines âgées de 25 à 42 ans. Ils se sont intéressés aux 7 482 femmes ayant été enceintes et ayant travaillé durant leur grossesse. Chacune d’elle a été interrogée sur ses conditions de travail (horaires, travail de nuit, port de charge…) ainsi que son utilisation d’agents potentiellement nocifs : gaz anesthésiant, chimiothérapie, médicament antiviraux, agents de stérilisation, rayon x…
Pour 10 % des infirmières interrogées (775 cas) la grossesse a été interrompue par une fausse couche avec des taux variables selon les services : 8,4 % dans les services de chirurgie contre 13,1 % dans les services spécialisés dans le traitement du cancer. L’étude montre notamment que les soignantes exposées à des traitements anticancéreux (cyclophosphamide, fluorouracile, étoposide) présentaient un risque près de 2 fois plus élevé (+ 94%) de risque de fausse couche.
L’exposition aux produits utilisés pour la stérilisation du matériel (oxyde d’éthylène, formaldéhyde, glutaraldéhyde) et aux rayons X est également associée à une augmentation des risques d’avortement spontané mais dans des proportions moindres.
Cette étude vient confirmer ainsi les résultats d’autres recherches, notamment françaises, publiées depuis une vingtaine d’années. “Les conditions actuelles d’exposition se sont améliorées depuis mais ces travaux doivent cependant nous rappeler l’importance de prendre en compte le plus en amont possible les risques liés aux produits anticancéreux en cas de grossesse”, souligne l’Institut.
“Les infirmières ne sont pas les seules exposées : les risques concernent également les aides soignantes, les employées de ménage et les ambulancières. Les expositions peuvent en effet survenir lors de la préparation et de l’administration des traitements mais également lors de la manipulation des déchets de soin des patients”, rappelle enfin l’INRS.
Source : INRS