Bisphénol-A: le matériel médical, une source d'exposition dans les maternités ?

Le Bisphénol-A (BPA) et les phtalates sont des perturbateurs endocriniens, utilisés dans les plastiques, qui peuvent induire des effets sur le développement de l’enfant et sur la reproduction. Le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’InVS rapporte mardi  les résultats d’une étude qui pointe le matériel médical comme source potentielle de contamination  pour les femmes accouchant par césarienne ou à l’aide de forceps.
En effet, l’étude souligne que chez ces femmes, les concentrations de bisphénol A (BPA) et de phtalates sont en moyenne plus élevées celles qui accouchent naturellement. «Les concentrations élevées et les différences mises en évidence selon le type d’accouchement suggèrent une exposition particulière en maternité», soulignent les auteurs de l’étude.
Afin d’expliquer ces valeurs élevées, des analyses complémentaires ont été réalisées par type d’accouchement. « En effet, une césarienne nécessite une rachi-anesthésie et donc la pose d’une poche urinaire (ce qui n’est pas forcément le cas dans les accouchements par voie naturelle). Or, les poches urinaires sont des dispositifs médicaux qui peuvent contenir du BPA. Il est apparu par la suite que certaines femmes ont été prélevées à partir de leurs poches urinaires, ce qui corrobore l’hypothèse d’une contamination récente par le matériel médical (perfusion, poches urinaires) bien que l’effet « maternité » paraisse inévitable dans la mesure où les pratiques diffèrent d’une maternité à l’autre », expliquent les auteurs.
Réalisée en octobre 2007, sur plus de 500 naissances de quatre départements (Seine-Saint-Denis et région Rhône-Alpes), l’enquête a permis de recueillir et d’analyser 279 échantillons d’urine avec le consentement des familles. Il s’agit d’une étude-pilote qui livre une première estimation de l’imprégnation maternelle à ces substances en maternité. Elle servira de modèle à la grande étude Elfe sur 20.000 enfants nés en 2011 qui seront suivis jusqu’à l’âge adulte. Elfe est destinée à analyser les effets sur leur santé d’expositions à divers polluants et facteurs nutritionnels ou infectieux.
«Les problèmes de contamination par des dispositifs médicaux que nous avons mis en évidence de façon
fortuite, spécifiques de ces deux types de biomarqueurs, devront être pris en compte lors des études
de biosurveillance dans cette population, et en particulier dans l’étude nationale Elfe », indiquent les auteurs.
Selon le schercheurs, ces résultats soulèvent par ailleurs des interrogations sur les conséquences de l’exposition via les dispositifs médicaux, dans les pays où leur utilisation n’est pas bannie, des femmes enceintes et de leurs
nouveau-nés à ces substances, notamment lors de longs séjours hospitaliers (grossesses pathologiques,soins intensifs dans les unités de néonatalogie). Une question, déjà soulevée dans d’autres publications, qui « nécessite des approfondissements », estiment-t-ils. En effet, outre les risques déjà évoqués sur les fonctions reproductrices, les phtalates et le BPA sont suspectés d’être également des perturbateurs thyroïdiens, avec un possible retentissement sur le développement cérébral. Par exemple, une exposition foetale aux phtalates durant le dernier trimestre de la grossesse a été récemment associée à des modifications comportementales mesurées chez des enfants de 7 à 9 ans.
Source : http://www.invs.sante.fr/content/download/11102/70733/version/2/file/beh_25_2011.pdf et Le Parisien