Les ophtalmologistes s’opposent au projet de loi des ordonnances valables 5 ans

Alors que le projet de loi renforçant la protection et l’information des consommateurs est sur le point d’être examiné par le Sénat, la commission de l’Economie souhaite allonger la durée de validité des ordonnances de lunettes et de lentilles de 3 à 5 ans. Objectif :  réduire les délais d’attente de rendez-vous chez l’ophtalmologiste. Selon le Syndicat National des Ophtalmologistes de France (SNOF), cette disposition serait “contraire aux intérêts des patients”.
Pour le Docteur Jean-Bernard ROTTIER, président du Syndicat National des Ophtalmologistes (SNOF). : « En inscrivant dans la loi une durée de validité de l’ordonnance de 5 ans, le législateur abandonne le dépistage précoce des maladies oculaires au profit du commerce d’équipements optiques. Cette mesure entrainera des décès prématurés par tumeurs cérébrales et mélanomes oculaires non diagnostiqués à temps, des cécités par glaucome et des handicaps sévères par destruction de la vision centrale (dmla). Le législateur doit résister à la pression des industriels de l’optique et à celle des opticiens.»
Afin de garder une organisation des soins oculaires soucieuse des patients, le SNOF préconise que le texte prévoie des durées de validité modulées selon l’âge, validées par la HAS (Haute Autorité Sanitaire), et fixées par décret. « Il nous semble important de réintroduire ce renvoi au décret. Il sera ainsi possible de discuter cette durée avec les professionnels de la filière, et de la faire évoluer en fonction de la situation des patients. Nous recommandons une visite tous les ans de la naissance à 6 ans, puis une périodicité déterminée en fonction des indications de l’ophtalmologiste jusqu’à la quarantaine, puis tous les 2 à 3 ans sauf indications contraires», explique le Docteur Jean-Bernard ROTTIER.
Le SNOF déplore également que cette mesure vienne en contradiction avec le travail en cours sur la délégation de tâches et de compétences, réactualisé par la loi HSPT (« Hôpital, Santé, Patients et Territoires ») de 2009 qui a conforté la création d’une filière opérationnelle, intégrant les orthoptistes et les opticiens aux côtés des ophtalmologistes. « C’est une solution incontournable : mise en place de manière systématique, la délégation de soins sous contrôle médical doit permettre d’ici 10 ans de déléguer sous contrôle 10 millions d’actes médicaux. Les pouvoirs publics doivent nous aider à poursuivre nos efforts de réorganisation afin de proposer des délais de consultation plus acceptables», conclut le Docteur Jean-Bernard ROTTIER.
Source :  SNOF