Catastrophe nucléaire de Fukushima : quels risques pour la France ?

Deux nouvelles explosions se sont produites dans la centrale nucléaire de Fukushima : les autorités françaises ne cachent pas leur préoccupation, estimant que la situation est « grave ». La question -sans guère de réponses- que tout le monde se pose est intimement liée aux conséquences de la catastrophe de Tchernobyl qui a eu lieu voici presque vingt cinq ans : la France court-elle un risque sérieux, avec un parc de quelques 58 réacteurs nucléaires ?
Ce séisme dévastateur montre que le nucléaire est un colosse aux pieds d’argile”, estime ainsi le Réseau “Sortir du nucléaire” dans un communiqué. Il rappelle que “les tremblements de terre n’arrivent pas qu’en Extrême-Orient”. “Nous avions révélé en juillet 2007 que les centrales nucléaires françaises n’étaient pas aux normes sismiques et qu’EDF avait falsifié les données sismiques de ses centrales nucléaires pour ne pas supporter des travaux de mise aux normes trop onéreux”, ajoute “Sortir du nucléaire” pour qui “cette situation perdure aujourd’hui”.
Selon Eric Besson, ministre de l’Industrie, il faut “dire et redire à nos concitoyens que toutes les centrales ont été conçues en intégrant les risques sismiques et d’inondation”. “Il y a des révisions régulières”, a-t-il ajouté. Le président de l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, a précisé qu’il n’y avait pas lieu, notamment, de renforcer la sécurité de la centrale de Fessenheim, située dans une zone à risque sismique en Alsace. “Nous faisons chaque année 1 000 inspections sur le parc nucléaire en France. Sur Fessenheim, 15 à 20 inspections donc avant de faire quoi que ce soit, il faudra voir quelles leçons il y a à tirer du Japon”, a expliqué André-Claude Lacoste.
On peut d’ores et déjà écarter le risque d’un tsunami en France, même si la tempête Xynthia de février 2010 a marqué les esprits. Pour tenter d’évaluer sinon le risque, du moins ses conséquences, il faut se reporter à l’accident de Tchernobyl, survenu le 26 avril 1986, qui a eu pour conséquence sanitaire une épidémie de cancers thyroïdiens observée chez l’enfant dans les pays les plus exposés (Biélorussie, Ukraine et Russie). L’exposition à l’iode 131 rejeté lors de l’accident a joué un rôle essentiel dans la survenue de cette épidémie. Les connaissances épidémiologiques sur les rayonnements ionisants et sur le risque de cancer de la thyroïde montrent que les enfants constituent la population la plus radiosensible.
En France, l’augmentation de l’incidence des cancers de la thyroïde a été significative. Le nuage radioactif ayant survolé l’Est du pays dans les jours qui suivirent l’accident, la question du rôle de celui-ci dans l’augmentation observée des cancers thyroïdiens en France a été et reste d’ailleurs posée.
Pour la filière nucléaire mondiale, le coup est rude. En 2008, la flambée du pétrole avait permis de parler de réveil de l’atome civil à travers le monde. Il s’agissait d’atténuer la dépendance aux hydrocarbures tout en produisant du courant sans gaz à effet de serre. Bruxelles, à l’instigation de Paris, vient d’ailleurs d’inscrire explicitement le nucléaire parmi les «énergies décarbonées», au même titre que l’hydraulique, le solaire ou l’éolien.
Vingt-cinq ans après Tchernobyl,  la catastrophe japonaise, remet au premier plan le débat sur les risques de l’énergie atomique. Au moment où la Chine et l’Inde construisent des centrales à marche forcée. Le Figaro souligne ainsi que « les pays émergents ou en voie de développement se bousculent à la porte de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne. Dix-sept pays ont ainsi officiellement déposé le mois dernier à l’AIEA des dossiers pour construire leurs premières centrales ». Parmi ces candidats au nucléaire, des pays très sismique tels que le Chili ou soumis au risque d’inondations comme le Bangladesh.
Sources : http://www.invs.sante.fr, http://www.lemonde.fr, http://www.lefigaro.fr