Psychothérapeutes : opération « grand ménage » dans la profession

Depuis début juillet, les personnes souhaitant exercer sous le titre de psychothérapeute doivent répondre à des critères plus contraignants. Une réglementation attendue depuis longtemps mais qui provoque l’indignation d’une partie des professionnels.
 Jusqu’au 1er juillet dernier, aucun diplôme ni expérience n’étaient exigés pour poser une plaque de « psychothérapeute ». Plus de dix ans de négociations entre professionnels et autorités de santé ont fini par aboutir avec la publication, le 20 mai dernier, d’un décret fixant les compétences requises pour l’installation. Mais la fronde lancée depuis par une partie des professionnels concernés, insatisfaits de la nouvelle réglementation, risque de rendre la situation encore moins claire pour le grand public.
Au cœur du problème, les nouvelles exigences de formation, qui vont contraindre certains psychothérapeutes, psychanalystes, psychologues ou médecins non-psychiatres à revenir sur les bancs de l’école s’ils souhaitent exercer en tant que psychothérapeute. Le décret d’application de la loi HPST (Hôpitaux, patients, santé et territoires) prévoit en effet que seuls les psychiatres pourront revendiquer ce titre sans formation préalable (ils sont médecins spécialistes). Toutes les autres professions devront se soumettre dans un délai d’un an à une formation théorique complémentaire plus ou moins longue (de 100 à 400 heures), assortie d’un stage de plusieurs mois dans des établissements accrédités par les Agences régionales de santé (ARS). Une dérogation est toutefois possible pour ceux qui exercent depuis au moins cinq ans, sur décision de jurys régionaux.
En première ligne des insatisfaits, les organisations professionnelles de psychothérapeutes, qui déplorent que l’on renvoie en formation des gens ayant en moyenne « bac +7 ». « Les psychothérapeutes inscrits dans nos annuaires professionnels ont suivi en moyenne quatre ans d’études dédiées uniquement à la psychothérapie. Ils sont reconnus par une commission nationale de pairs, sont suivis par d’autres professionnels plus expérimentés, et ont eux-mêmes suivi une thérapie», rappelle Serge Ginger, secrétaire général de la Fédération française de psychothérapie et psychanalyse (FF2P), qui représente 5.000 psychothérapeutes certifiés sur les 7.000 estimés en France.
Les psychiatres, qui n’ont, eux, aucune obligation nouvelle, sont les seuls à juger la loi « légitime ». « Un psychiatre est par essence psychothérapeute », affirme François Kammerer, vice-président du Syndicat français des psychiatres. Il juge en revanche nécessaire que les autres professionnels aient l’obligation de suivre des stages dans des établissements certifiés. En attendant, la fronde autour de ce décret risque d’augmenter le risque (déjà considérable)le grand public en termes de lisibilité. La FF2P s’apprête par exemple à faire inscrire ses membres dans les pages jaunes sous une autre désignation, vraisemblablement «psypraticien certifié». PsY en mouvement, une autre organisation professionnelle de psychothérapeutes, (4.000 membres), a de son côté consulté ses troupes de manière informelle. Bilan : une majorité se dit prête à une «désobéissance civile collective» en gardant sa plaque, même si 60% comptent s’enregistrer sur les listes pour revendiquer le titre officiellement.
 Sources:
www.lefigaro.fr
www.ff2p.fr
www.legifrance.gouv.fr