Pont-Saint-Esprit: nouveaux rebondissements dans l’affaire du “pain maudit”

Au moins cinq morts, plus de trente personnes hospitalisées et près de trois cents malades. En août 1951, un fait divers tragique secoue une bourgade  des bords du Rhône, Pont-Saint-Esprit: une “nuit de l’Apocalypse”, pour reprendre les termes d’un des médecins locaux. Le travail d’un historien américain, Steven Kaplan, auteur du “Pain maudit” (Fayard 2008), révèle  qu’aucune des pistes suivies – ergot de seigle, fongicide, eau, mycotoxines – n’apporte d’explication définitive. Que sait-on aujourd’hui après la publication d’un reportage consacré à l’affaire dans le numéro de mars des “Inrocks”?
Retour sur l’affaire: 17 août 1951, les salles d’attente des trois médecins de la ville sont pleines. Une vingtaine de malades viennent consulter pour des symptômes apparemment digestifs : nausées, brûlures d’estomac, vomissements, diarrhées. Viendront s’ajouter dans les jours suivants des fatigues importantes et des insomnies. Pour nombre de malades, après une rémission de 48 heures, les symptômes s’aggravent pour culminer dans des crises hallucinatoires habitées, entre autres, par des flammes et des animaux.
Dans un livre publié aux Etats-Unis fin 2009, le journaliste Hank Albarelli affirme avoir percé incidemment le mystère: la crise de folie qu’a connue Pont-Saint-Esprit viendrait d’une expérience secrète sur les effets du LSD menée conjointement par l’armée américaine et la CIA. Cinq morts, 30 personnes hospitalisées et près de 300 malades. A l’époque on avait attribué cette étrange épidémie à de la farine corrompue par l’ergot du seigle, un champignon parasite des graminées. Courante au Moyen Age, la maladie avait disparu en France depuis le XVIIIe siècle.
A lire, l’article publié dans les Inrocks : http://blogs.lesinrocks.com/droguesnews/index.php/non-classe/very-bad-trip-a-pont-saint-esprit-00137
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L’ergot de seigle, le mal des ardents
L’ergot de seigle est un champignon parasite du seigle (et d’autres céréales), contenant des alcaloïdes dont est tiré l’acide lysergique (dont le LSD est un dérivé synthétique). Il fut autrefois responsable d’une maladie, l’ergotisme, appelée au Moyen Âge Mal des ardents ou feu de Saint-Antoine, liée à la présence d’ergot dans le seigle utilisé pour fabriquer le pain. Cette maladie, qui dura jusqu’au XVIIe siècle, se présentait sous forme d’hallucinations passagères, similaires à ce que provoque le LSD.