Le cerveau des femmes serait plus actif que celui des hommes !

En effet, au repos, l’activité neuronale du circuit appelé «réseau par défaut» est en effet plus grande chez les femmes que chez les hommes.
De mauvaises langues disent parfois qu’il est plus facile pour un homme que pour une femme d’arriver à ne penser à rien et à faire le vide, sous-entendant malicieusement par là que le cerveau masculin serait moins performant. Et pourtant, cette boutade pourrait reposer sur un fait neurologique bien réel. Au repos, l’activité neuronale du circuit appelé «réseau par défaut» est en effet plus grande chez les femmes que chez les hommes. Cette différence intersexe dans l’activation du réseau par défaut vient d’être observée pour une première fois par Adrianna Mendrek, chercheuse au Département de psychiatrie de l’Université de Montréal et au Centre de recherche Fernand-Seguin de l’hôpital Louis-H. Lafontaine.
Cette activité neuronale plus intensive chez la femme  signifie que les femmes semblent plus accaparées par les activités de routine que le sont les hommes. Juste retour des choses pour les mâles, qui peuvent s’enorgueillir de leur spécificité neuronale, puisque le repos véritable est un état souvent nécessaire.
«Le réseau par défaut inclut des parties du cortex pariétal, du cortex préfrontal et du cortex cingulaire postérieur, dit la chercheuse. Il est désactivé lorsque nous effectuons des tâches qui demandent une certaine attention et il s’active quand nous sommes au repos ou que nous relâchons notre concentration.»
Ce réseau est en quelque sorte le cerveau suppléant lorsque nous «mettons notre cerveau à off», que nous rêvassons ou que nous sommes en introspection : même dans cet état, notre cerveau est toujours en pleine activité.
Le mode par défaut est par contre perturbé chez les personnes souffrant de dépression, de la maladie d’Alzheimer ou de schizophrénie. C’est d’ailleurs au cours de ses travaux sur la schizophrénie qu’Adrianna Mendrek a mis au jour cette différence intersexe.
Pour son étude, 42 hommes et femmes non schizophrènes devaient accomplir une tâche de rotation mentale à partir d’une figure à trois dimensions pendant que leur activité cérébrale était mesurée par résonance magnétique. La même mesure d’activité neuronale était prise pendant que les sujets se limitaient à regarder des images neutres ou suscitant des émotions positives ou négatives. Des mesures des taux d’œstrogène et de testostérone ont également été faites.
«Les données montrent une désactivation significative du réseau par défaut chez les hommes pendant la tâche de rotation, mais pas chez les femmes. Au repos, l’activation de ce réseau était plus importante chez les femmes que chez les hommes et la même différence a été remarquée avec le stimulus émotionnel négatif », explique la chercheuse.
Selon Adrianna Mendrek, cette activation plus importante chez les femmes semble signifier que leur cerveau demeure plus concentré sur des activités cognitives précises. Autrement dit, les femmes recourent moins que les hommes au réseau par défaut. La chercheuse n’a pas pour l’instant d’explication relativement à ce phénomène, mais croit que les hormones sexuelles pourraient avoir un rôle à jouer.
Durant la tâche de rotation mentale, le taux de testostérone a en effet été corrélé positivement avec le niveau d’activation des cortex pariétal et préfrontal chez les hommes, mais pas chez les femmes. Durant la phase des stimuli émotionnels, le taux d’œstrogène était corrélé négativement avec l’activation du cortex préfrontal chez les femmes, mais pas chez les hommes.
Inversion chez les schizophrènes
Les mêmes tests ont été repris auprès de 40 hommes et femmes atteints de schizophrénie. Chez ces patients, le profil d’activation cérébrale présente une inversion selon le sexe par rapport à ce qui a été observé chez les personnes en bonne santé mentale.
Les femmes schizophrènes ont par ailleurs mieux performé que les hommes de même condition au test de rotation mentale alors que c’est habituellement l’inverse qui se produit dans la population en général. Chez ces femmes, le taux de testostérone s’est avéré significativement plus élevé que chez les femmes en santé alors que ce taux est plus faible que la normale chez les hommes schizophrènes.
Pour Adrianna Mendrek, cette différence hormonale pourrait expliquer la performance supérieure obtenue dans la tâche de rotation ainsi que le profil particulier d’activation cérébrale chez les schizophrènes.
Les différences en question demeurent faibles et ne sont pas relevées chez tous les schizophrènes, tient-elle à souligner. Sans attribuer la cause de cette maladie à un taux anormal d’hormones sexuelles, elle estime que ces hormones sont tout de même concernées dans un type particulier de schizophrénie.
«La schizophrénie n’est pas une maladie homogène et se combine parfois avec la dépression, les troubles bipolaires ou d’autres désordres. Tout montre qu’il existe différents sous-types et que le développement hormonal est en cause chez certains patients.»
À l’appui de cette hypothèse, elle mentionne que des traitements à l’œstrogène utilisés pour contrer la schizophrénie chez les femmes fonctionnent dans certains cas mais pas chez toutes les patientes.
 Source : Université de Montreal