La santé oculaire des Français en danger ?

Une étude réalisée par Ipsos pour le groupe Krys lance un signal d’alarme sur  l’évolution de la santé oculaire des Français. 66% des ophtalmologistes indiquent que depuis le début de la crise économique, ils sont confrontés à des patients retardant de plus en plus le moment de changer de lunettes. 12% de leurs patients risqueraient ainsi de rencontrer des problèmes graves en raison d’un suivi insuffisant de leur santé oculaire.
La majorité des ophtalmologistes (58%) considère que la qualité du suivi oculaire des Français va se détériorer dans les années à venir.
 L’ophtalmologiste est le professionnel de santé le moins fréquemment consulté. 29% des Français le voient au moins une fois par an, alors que 60% voient leur dentiste tous les ans. Parallèlement, il faut noter que les ophtalmologistes constatent une surconsommation de consultations de la part d’une catégorie de population : 94% des patients qui consultent au moins une fois par an ont moins de 40 ans (contre 36% pour les 60 ans et plus).
Ainsi, 43% des Français estiment qu’il est difficile d’obtenir un rendez-vous avec un ophtalmologiste. C’est beaucoup plus qu’en Allemagne (20%) ou en Grande-Bretagne (4%). Cela peut notamment s’expliquer par le fait que dans ces deux pays, contrairement à la France, il existe une délégation de soin : l’examen de vue peut s’effectuer en magasin.
Renforcer le rôle des opticiens dans la chaîne des soins visuels ?
Avec 86% d’opinions positives, les opticiens bénéficient d’une très bonne image auprès des Français. En Allemagne et en Angleterre, ce chiffre passe respectivement à 96 et 94%. 80% des porteurs de lunettes se disent très satisfaits des services des opticiens sur l’ensemble des critères soumis. Seul le prix donne un peu moins satisfaction. Les ophtalmologistes soulignent le rôle important des opticiens dans la chaîne de suivi de santé oculaire des Français (87% estiment qu’ils jouent un rôle essentiel ou important). Les ophtalmologistes seraient davantage prêts à accepter des prérogatives étendues aux opticiens (par exemple pour déterminer eux-mêmes le besoin de correction de leurs clients et le choix des verres en conséquence) si ces derniers respectaient un certain nombre de conditions (une charte déontologique, une formation spécifique, etc.).
Remboursements : “la Sécurité Sociale ne peut se désengager”

Les problèmes d’accessibilité aux soins perçus par les Français sont tels que le déremboursement par la Sécurité Sociale des lunettes de vue est massivement rejeté par l’opinion ; 91% des Français trouveraient choquant que la Sécurité Sociale ne rembourse plus du tout les montures et les verres de vue. Pour eux, même si les niveaux de remboursement sont faibles, les équipements de vue sont un sujet de santé publique majeur dont la Sécurité Sociale ne peut se désengager. Les ophtalmologistes constatent que les patients leur posent davantage de questions sur la manière dont les lunettes ou les lentilles sont remboursées (59%). Ils sont pessimistes pour les prochaines années.

L’enquête a été réalisée en France auprès du grand public (1 006 personnes) et de 200 ophtalmologistes, et en Allemagne (1 003 personnes) et en Grande-Bretagne (1 002 personnes) auprès du grand public.