Eau du robinet : potable, malgré les résidus de médicaments ?

Les Français avalent en moyenne 1 500 comprimés par habitant et par an ! L’Académie nationale de pharmacie se montre donc préoccupée par les conséquences environnementales de leur utilisation, objet d’une étude réalisée par le Pr Yves Levi, toxicologue à l’université Paris-XI.

 On retrouve donc des antibiotiques dans l’eau: consommation de la population, élevage intensif, déchets industriels pharmaceutiques et manque de recyclage des déchets hospitaliers… 
À l’heure actuelle, il est impossible de filtrer ces particules, trop petites pour être capturées. Il n’existe, à l’heure actuelle, encore aucune norme européenne dans ce domaine. Les hormones sont utilisées pour obtenir une lactation permanente des chèvres productrices de fromage. Quant aux antibiotiques, utilisés depuis longtemps, ils augmentent la vitesse de croissance des animaux. Ce développement s’est accompagné de pratiques potentiellement nuisibles pour l’environnement et pour l’homme, avec le rejet de quantités importantes de médicaments vétérinaires dans les eaux.
Patchs contraceptifs
Dans les pays occidentaux, on observe également que les composés de patchs contraceptifs se retrouvent dans les eaux de rivière, provoquant la transformation sexuelle de poissons en hermaphrodites. Il a été aussi mis en évidence que des stations d’épuration pouvaient transformer certaines substances et leur redonner une forme biologiquement active. Les rejets hospitaliers de ces médicaments peuvent être considérés comme générateurs de risques pour les animaux, mais aussi pour l’homme, car ce sont des composés appartenant à la classe des « CMR », c’est-à-dire cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction. La réglementation ne prend pas en compte toutes les conséquences écologiques, notamment à long terme, des rejets de résidus de ces substances médicamenteuses. Le Pr Levi, qui estime que les ressources naturelles en eau sont aujourd’hui gravement contaminées, qualifie d’ailleurs ce sujet de « tabou » dans le monde de la santé publique. Il faut savoir que les médicaments sont très peu absorbés par l’organisme : 10% du principe actif d’un antibiotique sont réellement « utilisés ». Le reste est éliminé.
www.u-psud.fr/
www.acadpharm.org/