Plantes dépolluantes: faut-il quand même y croire?

Très répandues dans les jardineries, les plantes dites dépolluantes, n’amélioreraient en rien la qualité de l’air de nos intérieurs. C’est ce qu’affirment plusieurs études menées par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI).  Et certaines plantes très répandues comme le ficus, sont même toxiques…Le verdict de l’OQAI est sans appel: les plantes en pot ont un rendement très insuffisant et les étiquetages qui font référence à leurs capacités dépolluantes seraient donc usurpés. Les végétaux captent certes certains polluants mais en quantités négligeables. De plus, les caractéristiques d’ambiance des milieux intérieurs (mouvements d’air, température, hygrométrie, lumière…) ne sont pas favorables à l’accumulation des polluants par les plantes. Enfin, bien souvent, le mode d’entretien des végétaux par leurs propriétaires (excès d’eau ou sécheresse) nuit autant à leur survie qu’à leurs qualités supposées. La présence de plantes dans l’environnement quotidien, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des habitations, a de multiples avantages dont, par exemple, une amélioration du cadre de vie, du ressenti dans l’environnement intérieur et de bien-être. Toutefois, les végétaux peuvent également présenter quelques inconvénients avec, dans certains cas, des impacts non négligeables sur la santé. Blessures causées par les épines, irritations cutanées, projections oculaires, allergies, ingestions de fruits toxiques, etc. sont à l’origine des désagréments les plus fréquemment relevés.
 Les statistiques résultant des appels reçus par les centres antipoison français montrent que 80 % des signalements concernent des enfants de moins de cinq ans. Chez les adultes, les erreurs dans l’identification des espèces sont majoritairement à l’origine des incidents (ingestions de plantes toxiques supposées alimentaires). En appartement, les dieffenbachia, très communs, et pourtant très toxiques, sont responsables d’un tiers des problèmes recensés. Les allergies constituent l’un des principaux risques sanitaires présentés par les plantes. Elles sont principalement dues à la présence de pollen, mais résultent également de l’exposition des individus sensibles à la sève ou au latex (ficus à proscrire absolument en présence de jeunes enfants). Les phénomènes allergiques peuvent apparaître progressivement dans le temps. Ils se traduisent par de l’asthme, de l’eczéma, des rhinoconjonctivites, des dermatites, etc. Le ficus benjamina est impliqué dans plus de 20 % des cas en milieu professionnel et 6 % des cas dénombrés dans l’environnement domestique. Les allergènes du ficus se trouvent dans les moquettes, les matelas… et ce, jusqu’à 3 mètres de la plante elle-même. Ils peuvent y demeurer jusqu’à six mois après le retrait de la plante.
Pourtant, la mode des plantes dépolluantes fait de nombreux adeptes: les jardineries en regorgent, les sites internet fleurissent à tout va…
Comment en est-on arrivé là? Un peu d’histoire: Dans les années 1980, la Nasa cherchait des solutions efficaces pour assainir l’air des vaisseaux spatiaux. Un chercheur américain, Bill Wolverton, a examiné et analysé les potentialités des végétaux. Les résultats étaient très encourageants mais à une réserve près: les travaux avaient été menés en laboratoire, dans des conditions évidemment très différentes de la vie en appartement ou en maison.
Qu’importe aux experts en marketing des jardineries: la croyance est plus forte que la raison. Les plantes dépolluantes partent comme des petits pains. A des prix souvent très élevés. A titre d’exemple, un ficus benjamina de quelque 40 centimètres de hauteur se vend déjà 60 euros en moyenne, ce qui est extrêmement cher compte tenu de l’obtention très facile de la plante qui se bouture très facilement.
Source: www.air-interieur.org