Médicaments : les mutuelles veulent faire le tri dans les remboursements

Les mutuelles vont-elles bientôt pouvoir rembourser les médicaments prescrits en fonction de leur efficacité? Une pratique impossible aujourd’hui puisque les complémentaires santé n’ont aucune information sur le « Service médical rendu » des médicaments établi par la Haute Autorité de Santé. Ce verrou vient, en partie, de sauter, selon « Le Parisien ». La Mutualité française a en effet été autorisée par la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) à prendre connaissance de ces informations.
 Il ne s’agit pour l’heure, a assuré la Mutualité française à la Cnil, que d’une expérience réalisée de façon anonyme dans quelques pharmacies à des fins statistiques. Pour l’instant… Car l’objectif est « à terme de généraliser cette expérimentation » pour plus tard « faire notre métier, arrêter de rembourser à l’aveugle », explique le Dr Jean-Martin Cohen-Solal, directeur général de la Mutualité Française, qui rassemble la plupart des mutuelles.
En clair, les complémentaires veulent en finir avec le système actuel du tout ou rien. Explication : le barème des taux de remboursement de la Sécu varie de 100% pour les médicaments traitant des maladies les plus graves, à 65% pour les médicaments à vignette blanche, 35% pour les vignettes bleues et 15% pour les vignettes orange. Les mutuelles sont libres de compléter ce remboursement. Mais pour les vignettes bleues et orange, il n’existe que deux types de contrats qui prennent en charge soit tous les médicaments, soit aucun.
« Aujourd’hui, la seule chose que nous savons sur ces médicaments, c’est leur prix », déplore Jean-Martin Cohen-Solal. Or tous ne sont pas logés à la même enseigne. Exemple relevé par la Mutualité : sur les 150 médicaments à vignette orange pris en charge à 15% par la Sécu, il en est certains dont l’efficacité médicale est jugée « faible », voire « insuffisante » par la Haute Autorité de Santé. « Nous voudrions pouvoir rembourser ou non un produit en fonction plutôt de son utilité médicale », assure Jean-Martin Cohen Solal.
Principal argument : « Si l’on ne veut pas que les contrats coûtent de plus en plus cher, il faut arriver à ne rembourser que les choses reconnues comme efficaces par la communauté médicale », explique le directeur général de la Mutualité française.
Mais les associations de patients pointent déjà des risques de dérive. « C’est une avancée vers les couvertures maladie à plusieurs vitesses. Nous allons voir apparaître des contrats de plus en plus low-cost qui ne rembourseront que les médicaments à utilité élevée », estime Christian Saout, du Collectif interassociatif sur la santé.
Source : http://www.leparisien.fr/