La santé connaît une crise majeure en France

En 2000, lors du dernier classement officiel de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), notre pays possédait encore le “meilleur système de santé au monde”. Depuis, d’autres pays font bien mieux que lui. La Suède détrône même notre nation dans toutes les catégories (que ce soit l’accès aux soins ou les résultats en termes de santé de la population), d’après tous les indicateurs disponibles.
Une étude récente de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a montré que la situation était particulièrement critique pour les plus démunis.
Ainsi, par rapport aux cadres et aux professions libérales :
• Un ouvrier de 35 ans a une espérance de vie de six ans et demi inférieure.
• Les ouvriers à la retraite vivent moins longtemps.
• Les tentatives de suicide, les problèmes de santé, de maturation et de corpulenc sont plus fréquents chez les adolescents issus de milieux ouvriers.
• Il existe une surmortalité périnatale (juste avant et après la naissance) frappant les nouveau-nés des ouvriers.
• Les chances de guérison sont moindres dans les milieux défavorisés.
• Le risque de naître prématuré est une fois et demie à deux fois plus élevé dans les familles démunies.
L’inégalité d’accès aux soins et à la prévention représente donc une réalité croissante en France. En particulier pour des raisons financières : il n’est plus possible aujourd’hui de se soigner correctement si l’on est incapable de payer pour sa santé.
Une situation qui ne s’arrange pas

Les comptes de la Sécurité sociale font blêmir : le déficit abyssal, toutes branches confondues, atteignait 11,7 milliards d’euros en 2008, avant d’enfler à plus de 20 milliards en 2009 et sans doute de friser les 30 milliards en 2010 ! Une véritable catastrophe, que rien ne semble pouvoir endiguer.
Malgré ces monumentales dépenses, beaucoup estiment ne pas être suffisamment couverts et cotiser pour un remboursement (sans mutuelle) très limité – à moins d’être très riche. Ou très pauvre (avec la CMU, couverture maladie universelle). Une médecine à plusieurs vitesses est donc engagée. L’accès aux soins n’a jamais été aussi inéquitable.
Les problèmes existent tout autant à l’hôpital (avec par exemple des urgences qui explosent, mais dont 80 % des admissions ne sont pas réellement urgentes) que dans certains départements ruraux qui font face à un véritable désert médical, avec un médecin pour 1 000 habitants au lieu de trois à quatre dans le reste du pays. Les médecins de campagne qui restent sont débordés (environ 80 heures de travail par semaine) et parfois victimes de “burn out” qui les poussent à “déplaquer”, c’est-à-dire à abandonner leur cabinet bien avant l’âge de la retraite.
Du côté de la relève, les étudiants futurs médecins ne donnent guère de signes d’encouragement. La liberté d’installation et de choix de leur spécialité n’endigue pas les déséquilibres : il manquera de plus en plus de généralistes dans les années à venir, et les habitants des zones rurales seront de véritables laissés-pour-compte.
Deux tendances complémentaires
1. Aujourd’hui, 300 millions d’actes sont dispensés chaque année par 54 000 généralistes, c’est-à-dire une moyenne de 15 actes par jour et par praticien, samedis et dimanches compris. Et avec l’énorme disparité géographique, beaucoup enchaînent jusqu’à 30 patients par jour…
Or ce n’est qu’un début : dans vingt ans, compte tenu du vieillissement de la population, le nombre d’actes sera d’environ 50 millions de plus pour 23 000 généralistes en moins, soit 31 actes par jour et par généraliste en moyenne, en raison du numerus clausus resté trop longtemps très bas, impliquant un manque de futurs médecins conjointement à l’augmentation substantielle de ceux qui changent de carrière ou de statut de plus en plus jeunes…
2. Sur le plan hospitalier, 138 millions de journées d’hospitalisation complète sont comptabilisées en 2004 à des prix parfois exorbitants (soins, examens, interventions chirurgicales, etc.) alors que le financement de la santé est catastrophique et que l’organisation des hôpitaux empire chaque jour.
Pour aller plus loin :
Regardez le documentaire « la Santé sous tension »
Diffusion lundi 14 juin 2010 à 20h45 sur Canal+
Rediffusion le 17 juin à 05h35, le 21 juin à 10h50, le 29 juin à 5h20 sur Canal+
Un film documentaire de 90 minutes, réalisé par Antoine Moreau, écrit par David Zavaglia et Isabelle Quintard, sur une idée originale de Fabrice Papillon – Produit par Bonne Compagnie et Scientifilms avec la participation de Canal+
Source : Canal+