Statines: la HAS prône le "bon usage"

La Haute Autorité de Santé (HAS) a réagi jeudi à la polémique soulevée par la prochaine sortie du livre du Pr Philippe Even qui condamne le recours aux statines dans la prise en charge de l’hypercholestérolémie. Elle rappelle ainsi le bon usage de ces médicaments et appelle les patients à ne pas interrompre leur traitement sans en avoir discuté avec leur médecin.
“Depuis plusieurs mois, des affaires ont secoué le monde de la santé. Le scandale du Mediator mais également celui des prothèses mammaires, les débats autour des pilules de 3ème génération ont pu entamer la confiance des Français dans le système de santé. La sortie annoncée dans les prochains jours d’un nouveau livre très critique sur les statines risque d’augmenter encore cette défiance à l’égard des traitements existants et de ceux qui les prescrivent chaque jour pour soigner”, estime la Haute autorité de Santé.
Selon la HAS, “les statines ont une place dans la prise en charge de certains patients car elles sont associées à une baisse de la mortalité totale d’environ 10% et du risque de survenue d’un accident cardio-vasculaire (infarctus du myocarde notamment)”. Des résultats issus de l’analyse critique qu’elle a menée en 2010, avec l’appui d’experts méthodologistes, de très nombreuses études parmi lesquelles elle en a retenu 91 ayant inclus 170 000 patients.
Dans ses avis, la HAS insiste sur le fait qu’en prévention secondaire – c’est-à-dire après un accident cardio-vasculaire, infarctus, AVC – “l’intérêt des statines est indiscutable”. Elle a également considéré qu’en prévention primaire (avant un accident), les statines sont à réserver aux personnes qui sont à haut risque c’est-à-dire qui cumulent plusieurs facteurs de risque tels qu’un diabète, une HTA, un tabagisme… “Par contre, dans le cas d’une hypercholestérolémie non familiale isolée, il n’a pas été démontré que la prescription de statines était efficace. Le traitement par statine n’est alors pas justifié”, précise-t-elle.
“Un certain mésusage des statines en France”
Néanmoins, la HAS constate un certain mésusage des statines en France : “un recours abusif aux statines en prévention primaire – en regard notamment des effets secondaires possibles de ces molécules -chez des personnes qui ne sont pas à haut risque, en même temps qu’un défaut de prescription de statines chez des patients qui le justifieraient”. La HAS rappelle qu’elle a élaboré pour les établissements de santé un objectif de prescription d’une combinaison de traitements après infarctus du myocarde qui inclut les statines.
“Inquiéter les malades, provoquer leur défiance vis-à-vis d’un traitement utile et vis-à-vis des médecins qui prescrivent leur traitement n’est pas responsable. Faire courir le risque d’arrêter leur traitement à des malades qui en ont réellement besoin fait porter une responsabilité lourde à l’auteur de ce livre”, estime enfin la HAS, invitant les patients à ne pas interrompre leur traitement sans en avoir discuté avec leur médecin.
Source : HAS