Antidépresseurs : faut-il en avoir peur ?

Le traitement médicamenteux ne constitue qu’un aspect de la prise en charge des sujets présentant des troubles dépressifs ou anxieux. Si historiquement les antidépresseurs étaient des médicaments qui traitaient la dépression, leurs indications thérapeutiques ont été par la suite étendues à d’autres troubles, notamment les troubles anxieux.
Les troubles dépressifs et anxieux
Le diagnostic d’un trouble dépressif ou anxieux et l’indication d’un traitement antidépresseur sont posés à l’issue d’un examen en consultation en ville ou à l’hôpital. Cet examen permet de distinguer un trouble dépressif ou anxieux d’un ou plusieurs symptômes dépressifs ou anxieux qui n’atteignent pas le seuil de définition du trouble. Ainsi, l’existence de symptômes dépressifs ou anxieux au décours d’un événement de vie, (deuil, divorce, chômage…) ne suffit pas à poser un diagnostic de trouble dépressif ou anxieux.

L’évaluation du risque suicidaire doit être réalisée systématiquement à l’interrogatoire chez tout sujet présentant des symptômes dépressifs ou anxieux, même si le patient ne l’évoque pas spontanément. Cette évaluation peut nécessiter l’avis d’un spécialiste. Le risque suicidaire est plus élevé chez le jeune adulte et chez le sujet âgé que dans les autres segments de la population adulte

Les effets indésirables
Les effets indésirables sont, pour leur majorité, de survenue précoce en début de traitement ou après augmentation de la posologie.   

Effets somatiques :
troubles de la vision, bouche sèche, constipation, tachycardie, rétention urinaire, confusion, somnolence.

– nausées, vomissements, diarrhée, hypersudation, céphalées, agitation, insomnie, somnolence, vertiges, tremblements et asthénie.
Effets psychiques :
Il est parfois difficile de distinguer les effets indésirables du traitement des symptômes de la dépression (idées suicidaires, anxiété, insomnie ou constipation par exemple). Tous les antidépresseurs peuvent induire des virages maniaques de l’humeur. La survenue de symptômes, tels que l’insomnie, l’irritabilité, l’anxiété, l’hyperactivité et surtout les idées suicidaires nécessitent une surveillance particulière et des consultations plus fréquentes.

L’arrêt du traitement
Au terme d’un traitement, le médecin va progressivement diminuer les posologies  de façon à prévenir la survenue d’un syndrome de sevrage tout en augmentant la fréquence des consultations pour prévenir la réapparition des symptômes. Le syndrome de sevrage ne signifie pas que le patient est dépendant aux antidépresseurs.


L’information du patient

Il est indispensable d’informer le patient du risque de rechute et de lui apprendre à repérer les signes (en particulier précoces) des troubles dépressifs ou anxieux. Il faut insister sur le fait que l’effet thérapeutique n’est pas immédiat et qu’une amélioration ne doit pas entraîner l’arrêt du traitement sans avis médical. Dans le cadre des épisodes dépressifs caractérisés d’intensité légère, le médecin peut proposer aux patients les conseils d’hygiène de vie suivants : arrêt de l’alcool, diminution de la consommation de caféine (chez les patients anxieux), pratique d’une activité physique, pratique d’une méthode de relaxation.
L’efficacité
De manière générale, après 8 semaines de traitement, un tiers des patients déprimés traités par antidépresseurs ont une réponse complète au traitement. Les antidépresseurs permettent une régression des symptômes dépressifs tels que la tristesse pathologique et/ou la tendance suicidaire. Le début de l’amélioration survient dans un délai variable selon les symptômes dépressifs : quelques jours de traitement pour l’anxiété et le sommeil, après 1 à 2 semaines pour le ralentissement psychomoteur et les idées suicidaires, après 2 à 4 semaines pour l’humeur proprement dite.

Ainsi, le délai d’action des antidépresseurs est compris entre 2 et 4 semaines. Le délai nécessaire à l’obtention d’une réponse thérapeutique complète est de 6 à 8 semaines.