Mauvaises odeurs : le nez un système d’alarme efficace pour la santé

Même si le parfum des roses est de loin plus agréable que l’odeur de poisson pourri, c’est cette seconde odeur que le cerveau détecte plus vite et plus correctement. Non pas parce que nous aurions une préférence marquée pour les mauvaises odeurs, mais parce que la nourriture avariée représente un danger pour la santé. 
Ce sont les conclusions avancées par une équipe de chercheurs qui vient de démontrer pour la première fois que les odeurs de mauvaise nourriture sont perçues plus instantanément que les autres odeurs, bonnes ou mauvaises. Les résultats mettent en évidence l’existence d’un système de protection olfactif semblable à celui déjà observé sur le plan visuel. En effet, le cerveau perçoit plus rapidement un visage agressif dans une série de visages neutres qu’un visage souriant dans une série de visages agressifs. Une habileté sans doute retenue par la sélection naturelle parce qu’elle nous permet de détecter promptement un danger potentiel. Les chercheurs se sont demandés si un mécanisme analogue pouvait exister relativement à l’odorat.
C’est l’expérience que Johannes Frasnelli a conçue avec des collègues de l’Université de Pennsylvanie et du Monell Chemical Senses Center, de Philadelphie. Les odeurs retenues étaient celles de l’orange, du poisson avarié, de la rose et… de la chaussette sale! En laboratoire, cette dernière odeur a été produite à l’aide d’acide isovalérique.
L’odeur du poisson pourri gagne la palme
Quarante sujets des deux sexes devaient appuyer sur un bouton dès qu’ils percevaient, sans avoir à la nommer, l’une ou l’autre de ces odeurs diffusées à intensité égale. Les résultats montrent que l’odeur de poisson pourri se démarque nettement des trois autres odeurs, qui ont été détectées avec à peu près la même rapidité. Plus précisément, l’odeur de poisson a été décelée en 1300 millisecondes contre 1700 en moyenne pour les autres.
Il n’y a presque pas eu de différence entre la vitesse de détection de l’odeur de chaussettes sales et celle de l’orange, soit 1634 millisecondes contre 1682. La mauvaise odeur non alimentaire n’a donc pas été perçue plus vite que les bonnes odeurs. «Cela nous indique que, pour qu’une odeur soit décelée rapidement, il faut qu’elle soit désagréable et liée à un produit alimentaire», souligne le chercheur.
Cet élément est corroboré par le test qualitatif qu’ont effectué les participants. Même si l’odeur de chaussettes sales est perçue moins rapidement que celle du poisson, elle est évaluée comme étant plus désagréable, alors qu’il n’y a pas de différence dans l’intensité détectée par les sujets. Pour Johannes Frasnelli, cette discrimination associée à la mauvaise odeur de nourriture révèle un mécanisme de protection contre le danger que représente l’aliment avarié. «Le système de protection contre un danger observé dans la vision existe donc aussi sur le plan olfactif», conclut-il.
Conformément à ce qui est attendu en pareil cas, aucune différence inter-sexe n’est apparue dans les résultats, les deux sexes ayant un intérêt égal, sauf les femmes enceintes, à reconnaitre correctement un danger alimentaire.
Source : Université de Montréal