Le syndrome de l'X fragile : 1ère cause de déficience intellectuelle familiale

Le syndrome de l’X fragile est la première cause de déficience intellectuelle familiale, qui touche 1 garçon sur 5 000 et 1 fille sur 9 000 naissances. Les signes principaux sont des difficultés d’apprentissage sévères, une hyperactivité, une anxiété et des comportements répétitifs. De récents essais cliniques montrent que cette maladie pourrait ne plus être considérée comme incurable.
En effet, suite aux résultats encourageants d’un premier essai thérapeutique conduit sur 730 adultes de 18 à 35 ans, porteurs du syndrome de l’X fragile, une étude mondiale sur le syndrome l’X fragile va être réalisée. Cette étude pilote a été menée par le laboratoire pharmaceutique Novartis et trois équipes cliniques européennes de Lyon, Lausanne et Rome. Les conclusions ont fait l’objet d’une publication dans la revue Science Translational Medicine*, le 5 janvier 2011.
Un nouveau médicament (AFQ056) développé par le laboratoire Novartis, inhibiteur sélectif des récepteurs au glutamate mGluR5, a été testé pour la première fois sur 30 adultes de 18 à 35 ans, porteurs du syndrome de l’X fragile. Chaque patient a reçu pendant 28 jours, soit le médicament soit un placebo. Quatorze jeunes adultes X fragiles ont été inclus à Lyon, 12 à Lausanne et 4 à Rome. La tolérance et l’efficacité de cette molécule sur leur comportement a été évaluée par des questionnaires**. Il s’avère que le comportement de certains patients a été amélioré de manière significative par le médicament, en particulier en ce qui concerne l’irritabilité, l’anxiété et les comportements répétitifs. De manière inattendue, ce sont les patients dont le gène malade (FMR1) est totalement inactif que le médicament semble être le plus efficace. Le médicament a été par ailleurs bien toléré, les effets indésirables observés étant principalement des maux de tête modérés ou une sensation de fatigue.
Cet essai thérapeutique résulte d’un partenariat entre le laboratoire pharmaceutique Novartis et trois équipes cliniques européennes : Lyon, Lausanne et Rome. Il s’agit d’une étude de preuve de concept, c’est-à-dire d’une application en recherche clinique translationnelle de données expérimentales issues de travaux chez la souris. C’est une étude randomisée en double aveugle, croisée. En France, l’étude a été menée au CHU de Lyon par l’équipe du centre de référence national maladies rares « X fragile et autres RMLX» (Dr Aurore Curie et collaborateurs, coordonnée par le Pr Vincent des Portes, UCB Lyon1, CHU de Lyon) en partenariat avec le Centre d’Investigation Clinique des Hospices Civils de Lyon et le laboratoire CNRS L2C2 (UMR5230), Institut des Sciences Cognitives à Bron.
Une étude pilote qui lance une étude clinique mondiale
Au vu des résultats très encourageants de ce premier essai thérapeutique, une étude internationale (22 centres d’inclusion sur quatre continents) va inclure 150 adultes porteurs de l’X fragile, avec un traitement de plusieurs mois. En France, ce sont les deux centres de référence « déficiences intellectuelles de causes rares » de Lyon (coordination Pr V des Portes) et Paris (coordination Dr D héron, Salpétrière) qui vont inclure les personnes souhaitant participer à l’étude, à partir de février 2011. Une telle durée permettra de voir si le médicament est efficace sur le long terme. Une étude similaire chez les adolescents (12 à 17 ans) devrait débuter avant fin 2011.
Si ce médicament semble efficace, au moins chez certaines personnes, sur les troubles les plus gênants au quotidien (anxiété, irritabilité, rituels), l’impact positif sur les capacités d’apprentissage reste à démontrer. Cette nouvelle approche pharmacologique doit être comprise comme un complément du projet pédagogique, psychologique et éducatif, qui doit mobiliser plus que jamais les professionnels et les familles, parallèlement aux avancées de la recherche.
> En savoir plus sur cette maladie génétique rare : Association Nationale du Syndrome X Fragile
Source : Hospices civils de Lyon * Epigenetic modification of the FMR1 gene in fragile X leads to a differential response to the mGluR5 antagonist AFQ056. Sébastien Jacquemont*, Aurore Curie*, Vincent