Journée mondiale du lymphome : un patient sur deux peut aujourd'hui espérer vivre 15 ans et plus

Le combat contre les lymphomes, qui représentent près de la moitié des cancers du sang, progresse à grands pas, grâce notamment aux avancées de la recherche et à la mise au point de nouveaux traitements : en dépit d’une incidence qui a doublé en 30 ans, avec 14.000 nouveaux cas chaque année en France, un patient sur deux atteint d’un lymphome peut ainsi aujourd’hui espérer une survie à 15 ans et plus.
« C’est un véritable message d’espoir pour les patients et un encouragement pour les chercheurs que de constater les améliorations significatives dans les résultats obtenus dans la lutte contre les lymphomes ces dernières années », déclare le Pr Gilles Salles, chef de service en hématologie clinique au Hospices Civils de Lyon (Centre Hospitalier Lyon-sud) et président du LYSA (Lymphoma Study Association), une association qui regroupe 500 chercheurs de 120 centres en Europe.
« Il y a plusieurs raisons à cela : une meilleure qualité du diagnostic – c’est important car il n’y a pas un mais plus de 80 types de lymphomes – une recherche clinique qui est en pointe dans ce domaine, l’arrivée de nouveaux traitements sur le marché, et aussi une meilleure prise en compte de la vraie vie des patients », précise le Pr Salles.
« Aujourd’hui, on peut affirmer qu’un patient sur deux atteint d’un lymphome peut espérer aujourd’hui une survie à 15 ans et plus. Ce chiffre grimpe même à 77% pour les patients de moins de 55 ans atteints de lymphomes dits « indolents » (environ 25% des malades)([1]) », souligne le Dr Richard Delarue, membre du conseil d’administration du Lysa et hématologue à l’hôpital Necker (AP-HP) à Paris.
Pour ce dernier type de lymphomes, les registres français montrent une nette amélioration, avec un taux de survie à cinq ans passé de 70% pour les patients diagnostiqués entre 1995 et 1998 à un taux de 87% pour les patients diagnostiqués entre 2005 et 2010.
La guérison des lymphomes dits « agressifs » a fait également d’énormes progrès. « On les soigne beaucoup mieux aujourd’hui. Environ sept patients sur dix peuvent espérer une rémission après une première ligne de traitement. Une étude a montré que les patients qui n’ont pas rechuté dans les 24 mois qui suivent le diagnostic et le début du traitement ont une espérance de vie identique à celle de la population générale([2]). On peut donc pour ces patients parler de guérison et adapter la surveillance qui doit être ciblée sur le dépistage de complications à long terme du traitement », précise le Dr Delarue.
Amélioration du diagnostic et des traitements
Les chercheurs soulignent les progrès réalisés dans l’amélioration du diagnostic, notamment grâce à une initiative de l’institut du Cancer (Inca) qui, en 2010, a promu l’organisation d’un réseau de pathologistes experts pour que tous les patients puissent bénéficier d’une relecture du prélèvement diagnostique initial par un expert du lymphome.
« Ainsi, une étude récente ([3]) par ces experts ayant analysé plus de 40.000 cas étudiés pendant 4 ans a montré que cette relecture a permis de redresser le diagnostic pour 17,4% des patients et ainsi permettre une adaptation de la prise en charge », souligne le Dr Delarue.
Sur le front des traitements, d’importants progrès ont également été réalisés. Après la mise sur le marché au début des années 2000 du rituximab (un anticorps monoclonal anti-CD20, d’autres traitements sont venus depuis étoffer l’arsenal thérapeutique, en particulier des thérapies dites « ciblés », orales ou intraveineuses, qui sont parfois des alternatives à la chimiothérapie classique. A ceci s’ajoute une meilleure personnalisation des traitements qui sont adaptés avec le suivi de la maladie par imagerie métabolique (PET-scanner).
La France en pointe dans la recherche
En France, la recherche clinique dans le domaine du lymphome est très active et internationalement reconnue. En particulier, le LYSA, groupe coopérateur impliquant tous les acteurs français et également des chercheurs européens de la prise en charge des patients atteints de lymphome (cliniciens, pathologistes, biologistes, médecins nucléaires et radiologues, scientifiques, etc.), mène de nombreuses études afin d’améliorer le pronostic et la qualité de vie des patients.
Ces études vont de phases dites « précoces » (évaluation d’un nouveau traitement, chez quelques patients sélectionnés) à des études de grande ampleur (plusieurs centaines de patients) dont le but est d’établir de nouveaux standards de traitement.
Au-delà, de nouveaux axes de recherche sont aujourd’hui développés, par exemple pour aboutir une meilleure caractérisation des lymphomes au diagnostic grâce à des technologies innovantes de biologie moléculaire. C’est l’objet du projet RT3 (Real-Time Tailored Therapy), lancé par le LYSA et qui a débuté au cours du 1er semestre 2017. Il vise à cartographier plus précisément chaque patient et d’envisager des traitements ciblés et personnalisés.
« Nous avons également décidé de nous pencher sur une analyse de la ‘vraie vie’ des patients atteints de lymphome, et ce à tous les stades de la maladie, y compris à long terme pour les patients guéris. En effet, nous avons encore à apprendre sur les causes de survenue des lymphomes comme sur l’impact de nos traitements, de la prédiction de leur efficacité comme de leur toxicité. », précise le Dr Delarue.
Cette étude, baptisée REALYSA (REal world dAta in LYmphoma and Survival in Adults), se construira dans les centres français autour de cohortes de patients qui bénéficieront d’un suivi prospectif sur plusieurs années.
[1] Monnereau et al. Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine, 1989-2013. Partie 2 – Hémopathies malignes. Saint-Maurice (Fra) : Institut de veille sanitaire ; 2016. 144 p.
[2] Etude LYSA réalisée en collaboration avec la Mayo Clinique (Etats-Unis). Maurer, Ghesquières et al. J Clin Oncol 2014; 32 : 1066-73
[3] Impact of Expert Pathologic Review of Lymphoma Diagnosis: Study of Patients From the French Lymphopath Network,  Laurent C, Baron M, Amara N et al.  J Clin Oncol. 2017 Jun 20;35(18):2008-2017
 
Source :  LYSA