Enquête: les Français face au cancer

Quelle perception les Français ont-ils du cancer ? Tabac, alcool, nutrition…. Quels sont leurs comportements à risque ? L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) et l’INCa ont lancé, en 2010, une enquête de grande ampleur auprès d’un échantillon représentatif de la population française de près de 4 000 personnes afin d’analyser les comportements, attitudes, connaissances et opinions des Français par rapport au cancer.
Les résultats de l’édition 2010 du Baromètre Cancer Inpes/INCa mettent en évidence une perception de plus en plus accrue par les Français des facteurs de risque de cancer. Dans le même temps, on observe la persistance de comportements de déni ou de relativisation du risque pour soi-même.
Une maladie grave, mais dont on peut guérir
Depuis les années 2 000, le cancer est devenu la première cause de décès en France. On estime aujourd’hui qu’1,2 million de personnes vivent avec un cancer ou après avoir eu un cancer en France. Il est considéré comme la maladie la plus grave par 7 Français sur 10, devant le sida et les maladies cardio-vasculaires. L’édition 2010 du Baromètre Cancer Inpes/INCa 2010 permet de mettre en évidence une perception accrue par la population des facteurs potentiels de risque de cancer. La majorité d’entre eux se dit bien informée sur le cancer en général (70%) et ses facteurs de risque.
Le sentiment de vivre dans un environnement potentiellement cancérigène s’est renforcé. Mais c’est surtout la perception de l’influence des risques environnementaux qui est nettement plus forte. En parallèle de cette perception parfois exacerbée des risques, les Français sont dans leur grande majorité satisfaits quant à la prise en charge thérapeutique de la maladie et à ses possibilités de guérison. 90% d’entre eux pensent ainsi qu’aujourd’hui, « on sait guérir de nombreux types de cancers ».
Des facteurs de risque plutôt bien connus mais souvent relativisés
Le Baromètre Cancer Inpes/INCa 2010 s’est concentré sur les principaux risques avérés de cancer : tabac, alcool, soleil, et pour la première fois nutrition. Alors même que les Français se déclarent dans l’ensemble mieux informés sur les risques de cancer, les résultats du Baromètre soulignent que la prévalence de certains comportements à risque croit comme la consommation de tabac ou connaît un ralentissement de sa diminution comme celle de l’alcool.
Ainsi, si 76% des enquêtés jugent « certains » les risques liés au tabagisme, la prévalence du tabac est encore de 32% parmi les 15-85 ans. 65% des personnes interrogées continuent par ailleurs de penser que « respirer l’air des villes est aussi mauvais pour la santé que de fumer des cigarettes ».
Concernant l’alcool, de nombreuses croyances qui permettent de nier ou relativiser les risques de cancer persistent : près de neuf personnes sur dix estiment que le risque principal de l’alcool concerne les accidents de la route et la violence, et une personne sur deux pense que ce sont surtout les alcools forts qui sont dangereux pour la santé.
Quant à la nutrition, à la fois facteur de risque et de protection face au cancer, les résultats du Baromètre Cancer Inpes/INCa 2010 mettent en évidence une certaine imprécision de la connaissance des personnes sur le sujet : les facteurs de protection sont en général mieux connus que les facteurs de risque, mais un nombre conséquent de personnes admet ne pas connaître l’influence de certains facteurs nutritionnels sur le risque de cancer.
Inégalités sociale de santé : une amélioration nuancée
Le plan cancer 2 (2009-2013), pionnier en la matière, avait fait de la réduction des inégalités sociales de santé sa première priorité. Les résultats du Baromètre cancer 2010 permettent de porter un regard contrasté sur cette question, avec par exemple des progrès concernant l’accès au dépistage.
Le gradient social apparaît en effet moins fort qu’en 2005 en France, notamment grâce aux dépistages organisés, même si des questions se posent encore en termes d’inégalités sociales concernant l’accès au dépistage pour les populations les plus précarisées, mais aussi sur la fidélisation au dépistage. Sur la consommation régulière d’alcool, les inégalités sociales apparaissent moins marquées qu’il y a cinq ans.
En revanche, concernant la perception des risques liés au cancer, on note une forte différenciation sociale des croyances relatives aux boissons alcoolisées et à leurs effets sur la santé, différenciation qui globalement n’a pas faibli en cinq ans : par exemple, un enquêté qui a un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat, qui se trouve au chômage et qui appartient à un ménage moins aisé a environ cinq fois plus de chances de penser que l’alcool, excepté en cas d’ivresse, n’est pas mauvais pour la santé, en 2005 comme en 2010.
Pour certaines opinions, les inégalités se sont mêmes plutôt creusées sur la mise à distance du risque : par exemple, pour les personnes sans emploi, le fait d’être d’accord avec l’affirmation que fumer favorise certainement l’apparition du cancer a diminué entre 2005 et 2010
Source : INCa