Anxiolytiques et hypnotiques : la consommation des Français de nouveau en hausse

Anxiolytiques, hypnotiques… 11,5 millions de français ont consommé au moins une fois une benzodiazépine en France en 2012. Un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) confirme la reprise de la consommation de benzodiazépines en France. Les autorités sanitaires souhaitent ainsi mettre en place un nouveau plan d’actions.
Prescrits trop fréquemment et pour une durée souvent trop longue, ces molécules agissent sur le système nerveux central et possèdent des propriétés anxiolytiques, hypnotiques, myorelaxantes et anticonvulsivantes. En 2012, 22 benzodiazépines ou apparentées étaient commercialisées en France. “Entre 2012 et 2013, trois benzodiazépines ont fait l’objet de mesures particulières : le clonazépam, pour lequel des conditions d’accès restreintes ont été mises en place en France, le flunitrazépam qui a été retiré du marché français pour des raisons commerciales, le tétrazépam dont la réévaluation du rapport bénéfice/risque initié par la France a abouti à son retrait du marché en Europe en juillet”, rappelle l’Ansm.
“De nouvelles données présentées dans ce rapport confirment la reprise de la consommation globale de benzodiazépines initiée depuis 2010. Cette reprise est sous tendue par la progression de la consommation d’anxiolytiques et d’hypnotiques, malgré la baisse importante de la consommation du tétrazépam qui est retiré du marché depuis et du clonazépam (-70 % entre 2011 et 2012)”, indique l’agence.
Un tiers des femmes de plus de 65 ans consomment un anxiolytique
Ainsi, 131 millions de boîtes de médicaments contenant des benzodiazépines ou apparentées ont été vendues en France en 2012 (dont 53,2 % d’anxiolytiques et 40,5 % d’hypnotiques). Ceci représente près de 4 % de la consommation totale de médicaments en 2012. 22,2 % des utilisateurs consomment 2 benzodiazépines simultanément ou non.
Les consommateurs de benzodiazépines âgés en moyenne de 56 ans sont principalement des femmes pour près des 2/3 d’entre eux. Un tiers des femmes de plus de 65 ans consomment une benzodiazépine anxiolytique et près d’une sur cinq (18 %) une benzodiazépine hypnotique.
L’alprazolam devient en 2012 la molécule la plus consommée suivie par le zolpidem et le bromazépam. Les principaux prescripteurs de benzodiazépines anxiolytiques et hypnotiques sont des médecins libéraux (90 %) parmi lesquels les médecins généralistes prescrivent près de 90 % des benzodiazépines anxiolytiques et hypnotiques.
Les temps d’exposition aux benzodiazépines sont parfois très supérieurs aux recommandations de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) avec une utilisation annuelle de 4 à 5 mois pour les molécules hypnotiques et anxiolytiques. A noter qu’une proportion importante de patients les utilise en continu sur plusieurs années.
“La consommation des benzodiazépines expose à certains risques bien connus en particulier neuro psychiatriques, ainsi que des risques d’abus et de pharmacodépendance notamment un phénomène de tolérance et de sevrage à l’arrêt. Les benzodiazépines accroissent également de manière significative le risque d’accidents de la route”, rappelle l’ANSM dans son état des lieux. Chez le sujet âgé, la consommation de benzodiazépines peut favoriser les chutes et perturber la mémoire. Enfin, certaines études récentes font état du lien potentiel entre ces substances et la survenue d’une démence.
Mis en place d’un nouveau plan d’actions
Afin de limiter la consommation et les risques des benzodiazépines, les autorités sanitaires françaises ont mis en place depuis 20 ans un certain nombre d’actions sur le plan réglementaire mais aussi en termes d’information et de communication. Devant le constat d’une consommation toujours très importante de benzodiazépines, d’une large prescription en particulier pour des durées trop longues et de la présence de risques liés à leur utilisation, les autorités sanitaires dont l’ANSM souhaitent mettre en place un nouveau plan d’actions. A cette fin, les professionnels de santé, médecins prescripteurs et pharmaciens, seront consultés et impliqués directement dans la mise en place de mesures qui devraient survenir dans le courant de l’année 2014.
Source:  ANSM